Rhum Agricole

Rhum & Martinique

Une culture en progression

La canne à sucre représente la deuxième culture de la Martinique derrière la banane avec 3900 ha soit 17% de la surface agricole utile.
La surface cultivée est en progression de plus de 20% sur les 20 dernières années après plusieurs années de déclin. Elle est ainsi passée de 3700 ha en 2005 à 3950 ha en 2007 puis 4150 ha en 2009. Cette progression rapide s'explique par la forte valeur ajoutée du rhum produit et le renchérissement des cours mondiaux du sucre.
En 2017, la canne a produit en Martinique un peu moins de 210'000 tonnes dont moins de 20% ont été destinées à la production de sucre dans l'usine du Galion (39'000 tonnes de canne pour 1'944 tonnes de sucre et 6'600 HAP de rhum industriel), le reste étant consacré à la production de rhum agricole (86'700 HAP).
184 planteurs cultivent la canne avec des phénomènes de concentration importants puisque les exploitations de plus de 50 ha représentent 6% des exploitations tout en représentant près des ¾ de la surface cultivée. Ce phénomène de concentration est une tendance régulière avec un nombre de planteurs passé de 217 en 2006 à 184 en 2017.
(données IEDOM 2007-2017)1

Production Martinique


Place dans la société martiniquaise.

sucrerie aux antilles

L'histoire du rhum en Martinique débute par l'introduction en 1640 de la canne à sucre. L'objet principal de cette culture est la production de sucre, mais les résidus de cette production (écumes, sirops, ...) sont utilement fermentés pour obtenir après distillation un alcool appelé tafia ou guildive (appellation probablement dérivée de kill devil).
Cette utilisation des produits dérivés est attestée en 1667 par le Père du Tertre dans "Histoire générale des Antilles habitées par les François". Il y décrit les différents résidus de la production de sucre qui entrent dans la fabrication d'un jus appelé "Vésoü" qui fermenté donne "une boisson qui se débite fort bien dans les isles".


La canne à sucre représente pour la société martiniquaise la souffrance de l'esclavage dans le passé, une contribution importante à la valeur produite dans l'ile et désormais une incarnation de l'âme martiniquaise.
La canne à sucre a été introduite en Martinique comme dans le reste des antilles dès 1640 afin de constituer une culture rentable, permettant de fournir à l'Europe un approvisonnement en sucre.

Moulin a canne en Martinique Cet approvisonnement devant se faire au plus faible coût possible, les planteurs ont eu recours à l'esclavage et sa main d'oeuvre bon marché.

Lorsque l'Europe en guerre se trouva une source de sucre moins chère (la betterave), la valeur de la production sucrière s'effondra. Un renouveau fût trouvé dans la production de rhum. Cette production prit de l'essort et dépassa bientôt celle du sucre. Après quelques remous dus aux fluctuations du prix de l'alcool, la première guerre mondiale offre un débouché inespéré aux rhum des antilles et de la Martinique en particulier. Les distilleries métropolitaines se trouvant dans la zone de combat, il revient au rhum la mission de réconforter les poilus, soigner les malades et confectionner des explosifs. A la sortie de la première guerre mondiale, le rhum représente en 1919 84% des exportations de la Martinique.
La canne à sucre était redevenue cette culture rentable.

Poilus buvant du rhum

Après la seconde guerre mondiale, la surface cultivée en canne à sucre diminue de moitié en dix ans au bénéfice d'autres activités agricoles comme la banane. Le rhum industriel perd du terrain et est dépassé par le rhum agricole. Ce rhum de terroir, se concentre sur la qualité et cherche très tôt à faire reconnaître sa spécificité. Dès 1975 une demande AOC est déposée pour être finalement acceptée en 1996.

la canne a sucre en Martinique

La canne à sucre devient vectrice d'une image de qualité.
Les paysages de champs de canne à sucre, le très faible recours à l'irrigation imposé par l'AOC contribuent à créer une image de patrimoine rural de la martinique bien en phase avec les préoccupations environementales.

logo CTCS

Afin de coordonner les efforts de recherche sur la canne à sucre, le Ministère de l'Agriculture, des DOM et des Affaires économiques créa par un arrêté du 10 Décembre 1952 une structure interprofessionnelle à vocation de service public, le Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre (CTCS).
Cette création avait pour but de redynamiser la filière de la canne à sucre dont les surfaces cultivées étaient en régression constante en favorisant la recherche sur les moyens de production (tracteurs, machines, engrais et herbicides) et les variétés en remplaçant sur les exploitations les variétés traditionnelles par des variétés plus productives et mieux adaptées aux nouvelles conditions de culture.

Production de sucre

l'usine du galion

L'usine du Galion est la seule unité de production de sucre de la Martinique. Elle est l'héritière de l'habitation "Le GALION" située à l'embouchure de la rivière du même nom.
Cette installation produit également du rhum traditionnel avec les melasses issues de sa production de sucre.

L'usine du Galion est fournie en canne par 61 planteurs sur les 201 que compte l'ile. Elle consomme ainsi moins de 40% de la production de canne à sucre de l'ile et cet approvisionnement n'est pas suffisant pour satisfaire la demande locale en sucre.
En 2016, l'usine du Galion a produit 2291 tonnes de sucre en repli de 20% par rapport à 2015. Ce niveau de production est à comparer avec les 60'000 tonnes produites par les 13 sucreries que comptait la Martinique dans les années quarante.

La sucrerie est raccordée depuis mai 2018 à l'usine de biomasse d'Albioma qui lui fournit son énergie en utilisant comme combustible de la bagasse. Cette connexion a permis le replacement de la chaudière à bout de souffle après près de 30 ans d'activité
L'usine du Galion est située sur le territoire de la commune de la Trinité (voir carte).

Production de rhum

logo AOC Martinique

La production de rhum et notamment le rhum agricole AOC représente 21% de la valeur ajoutée agricole du département1 de la Martinique et est principalement exportée vers la métropole. La majeure partie de ce rhum est du rhum agricole AOC.
L'usine du Galion, produit du rhum traditionnel avec les résidus de sa production de sucre.
La production de rhum agricole bénéficie depuis 1996 d'une AOC "Appellation d'origine contrôlée Martinique".
Depuis de nombreuses années le rhum des départements ultra marins (Martinique - Guadeloupe - Réunion - Guyane) bénéficie d'un régime spécial accordé par la commission européenne. Le 27 juin 2007, le conseil des ministres européens a prolongé le dispositif et a augmenté le contingent de rhum bénéficiant de ce régime de 90'000 à 108'000 hap dont 33'000 au bénéfice de la Martinique.
Ce régime offre un rabais fiscal sur les taxes portant sur le rhum produit dans la limite du contingent.

L'évolution de la production de rhum est la suivante :

Production Martinique

Les données sont exprimées en hectolitres d'alcool pur (HAP).
(données IEDOM )1

Tendance

En 2016, la campagne rhumière a produit 99'846 HAP à partir de 176'900 tonnes de canne. Le rendement, stable sur les années, est donc de 56 litres d'alcool pur par tonne de canne, soit environ 100 litres de rhum à 55° par tonne de canne.
Le rhum agricole représentant 93% de la production de rhum, ce dernier voit sa part augmenter sur les dernières années.

Un marché d'exportation

L'activité du secteur rhum de la Martinique est essentiellement tourné vers l'export hors de l'ile. Ainsi en 2010 79.2% de la production a été exportée vers la métropole et les autres marchés (essentiellement amérique du nord). L'exportation vers la métropole du rhum des DOM bénéficie d'un réglement avec système de contingent2.

Ce marché d'exportation fluctue grandement avec par exemple une baisse de 14% en 2009 puis une hausse de 27% en 2010. Cependant sur la décennie 2000-2010, la tendance est nettement à un renforcement des exports et une érosion de la consommation intérieure. Sur cette prériode, l'export a enregistré une croissance annuelle de 2.7% alors que la consommation intérieure reculait de 2.5% par an.

DistillerieSucrerie
Site touristiqueEleveur
© OpenStreepMap

Distilleries

Il existe en Martinique une sucrerie (Usine du Galion) et 7 distilleries fumantes (en activité):

  • Depaz
  • JM
  • La Favorite
  • La Mauny
  • Neisson
  • Saint James
  • Simon

En plus de ces distilleries, certaines anciennes distilleries se sont reconverties dans l'élevage de rhum distillé par d'autres distilleries:

  • Dillon
  • Clément
  • HSE (Habitation Saint Etienne)

La distillerie "Trois Rivières", quant à elle, a été reconvertie en site touristique.



Références:
source : Institut d'émission des départements d’Outre Mer (IEDOM) rapports annuels Martinique 2007 - 2017
source : Article 362 du code général des impôts.